En 1945, il construit son usine à Maxéville et il y restera jusqu’en 1954. A partir de cette date, il poursuivra son activité en tant qu’ingénieur-conseil pour la réalisation de grands projets d’architecture contemporaine. Considérant "qu'il n'y a pas de différence entre la construction d'un meuble et d'une maison", Jean Prouvé développe une "pensée constructive" basée sur une logique de fabrication et de fonctionnalité qui génère une esthétique épurée de tout artifice, rejoignant ainsi la doctrine de l'Union des Artistes Modernes dont il est membre fondateur aux côtés Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand.
Ainsi, les mêmes principes s'appliquent à la production de mobilier, souvent destinée à des équipements collectifs, et à l'architecture qui connaît un développement important après-guerre : les mêmes structures solides sont assemblées et articulées par des mécanismes astucieux, permettant aux meubles comme aux bâtiments d'être aisément démontés, déplacés, adaptés.
Outre le mobilier scolaire, Jean Prouvé aménage des bureaux et conçoit des sièges, tables, étagères, bibliothèques et bahuts, qui découlent tous d’un même principe de fabrication : à partir d’une esquisse, un prototype est réalisé afin d’en apprécier les détails par une étude très stricte.
Son mobilier sera largement diffusé par la Galerie Steph Simon à partir de 1956. Jean Prouvé a contribué à la reconstruction et à l’urbanisme de l’après-guerre ; véritable entrepreneur, il a su rompre avec les traditions de construire en privilégiant l’expérience à la rentabilité. Cet esprit d'avant-garde doublé de préoccupations humanistes conserve aujourd'hui toute son actualité : on redécouvre sans cesse les qualités novatrices de chaque épisode de l'œuvre de Jean Prouvé, des premiers équipements pour la cité universitaire de Nancy en 1932 à ceux créés pour celle d'Antony en 1954 en passant par les meubles créés pour l'Afrique, ou encore les maisons démontables de l'après-guerre jusqu'aux "petites machines d'architecture" conçues dans les années soixante.
Jean Prouvé collabore avec les plus grands architectes, et des bâtiments célèbres de l’architecture du XXème siècle portent son empreinte, la plupart étant maintenant protégés au titre des monuments historiques.