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Victor Anicet

Plasticien

Les œuvres en céramique de Victor Anicet (1938, Le Marigot, Martinique) sont un exercice continu de restitution des témoignages du peuple martiniquais. De père pêcheur et de mère ouvrière à l’usine sucrière d’une habitation (prolongement du régime de production colonial fondé sur le travail des esclaves), Anicet rencontre la céramique du peuple amérindien des Arawaks dans son enfance, en assistant aux fouilles archéologiques menées par le père Pinchon sur le site de l’Adoration au Marigot, dans le nord de la Martinique. Des années plus tard, étudiant à Paris, il visite le musée de l’Homme et comprend à quel point son peuple et lui se sont éloignés de leur histoire, demeurée entre les mains et les voix des colonisateurs. Anicet revient en Martinique en 1967 et s’attaque depuis au manque d’espace pour exposer l’art contemporain. Son exposition Soleil noir, composée de peintures noir et blanc sur bois, est installée en plein air en 1970. Depuis lors, son travail se déroule à la fois dans et hors l’atelier, qu’il s’associe à d’autres artistes intéressés par le débat sur l’esthétique caribéenne pour fonder le groupe FWOMAJE (1984), qu’il se consacre à la promotion d’un espace institutionnel dédié à l’art martiniquais ou qu’il crée des œuvres publiques.

L’une des œuvres publiques les plus emblématiques d’Anicet est une pièce en céramique qui marque la tombe d’Édouard Glissant au cimetière du Diamant, en Martinique. La Présence de l’Est multiple (2011) a été nommée par Glissant lui-même lorsqu’une œuvre antérieure ayant la même composition de lignes épaisses, rythmées et graduellement courbes lui fut présentée lors d’une exposition qu’il avait organisée dans les années 1970. Cette récurrence des compositions et des symboles ne se limite pas à l’hommage posthume d’Anicet à son ami et collaborateur de longue date, mais résume plutôt la manière dont sa production s’est étoffée au cours des cinq dernières décennies. Entre-temps, Anicet met au jour les souvenirs de la vie des esclaves africains et de leurs descendants, ainsi que des Amérindiens des Caraïbes et des familles hindoues qui ont immigré en Martinique au siècle dernier. Nombre de ces souvenirs sont empreints de violence, comme les « carcans », instruments en fer utilisés pour tenir les hommes et les femmes esclaves par le cou, ou les récits des indigènes qui ont vu les navires coloniaux surgir à l’horizon pour la première fois. Face à cette violence, Anicet ne détourne pas le regard. Au contraire, il effectue un travail de relecture, de synthèse, de combinaison et de réélaboration, ces événements devenant alors le point de départ de la création d’un nouveau vocabulaire visuel, fièrement et délibérément créole.

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