L’assistante de la boutique Sick-Hagemeyer posant avec des bidons multicolores. Portrait utilisé comme repère pour le développement de la couleur, Accra, début des années 1970 © James Barnor

James Barnor : Stories. Le portfolio 1947-1987

La Tour
Galerie des Archives, Niveau - 2
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L’exposition James Barnor : Stories. Le portfolio 1947-1987, présentée dans le cadre des Rencontres d’Arles, offre une sélection inédite d’images, conçue en collaboration avec l’artiste.


En 1947, alors que se font entendre les premières manifestations pour l’indépendance du Ghana, le jeune James Barnor entame sa formation dans un studio photographique d’Accra. Sa carrière est lancée. En 1987, elle connaîtra un dernier tournant, après la fin de ses activités comme photographe officiel du gouvernement. Durant ces quatre décennies, poussé par sa curiosité sans limite pour le médium mais aussi par des conditions économiques parfois difficiles qui l’obligent à se réinventer, James Barnor ne cesse de se mouvoir sur la palette des métiers photographiques. Il dessine une trajectoire circulaire entre les deux pôles d’un monde qu’il s’est fabriqué : Accra, sa ville de naissance, et Londres, sa ville d’adoption.

À l’occasion de sa première rétrospective en France, James Barnor a réuni avec LUMA un portfolio inédit composé de ses images favorites. Elles ont été sélectionnées en revisitant ses archives pléthoriques, parmi 30 000 négatifs et plusieurs centaines de tirages et de documents d’époque. Le dispositif de l’exposition permet une mise en regard des images et des archives pour mieux éclairer leur contexte de production. Il laisse également une large place à la parole du photographe, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-treize ans et véritable mémoire vivante qui anime les archives des myriades d’histoires que renferment ses images.

Suivant une trame chronologique, on voyage ainsi, au gré des traversées de James Barnor, du Ghana des années 1950 au Royaume-Uni des années 1960, puis de nouveau au Ghana à partir des années 1970. Si sa production s’ajoute à celles d’autres photographes ouest-africains de la même génération, désormais bien connus, ses va-et-vient l’inscrivent dans une histoire transcontinentale de la photographie encore peu mise en lumière.

Les images de Barnor donnent vie à l’utopie d’un monde commun, par-delà les nationalismes de la deuxième moitié du XXe siècle. Longtemps marginalisées, elles inspirent aujourd’hui une nouvelle génération d'artistes qui luttent pour la représentation de la blackness à travers le monde.

L’exposition James Barnor : Stories. Le portfolio 1947-1987 est présentée dans le cadre des Rencontres d’Arles et s’inscrit dans le Programme Archives Vivantes de LUMA.

À travers cette interview, James Barnor revient sur sa carrière.


James Barnor

James Barnor (1929-) ouvre son premier studio photographique à Accra (Ghana) en 1949. Actif également pour la presse, il photographie le mouvement qui mène le pays à son indépendance en 1957. Installé en Angleterre de 1959 à 1969, il documente l’expérience de la diaspora dans le Swinging London des sixties. Il se forme à la photographie couleur, puis revient au Ghana en 1970 pour y diffuser cette technique. En 2021, la Serpentine Gallery (Londres) lui a dédié une importance rétrospective.

Né en 1929 à Accra, capitale de la colonie britannique de la Côte d’Or qui deviendra le Ghana après la proclamation d’indépendance en 1957, James Barnor commence sa carrière de photographe en 1947.

D’abord apprenti dans un petit studio de la ville qui appartient à son oncle, le jeune Barnor se lance comme portraitiste indépendant dès 1949. Naît alors son célèbre studio au nom évocateur, « Ever Young », qu’il installe en 1953 dans son local de Jamestown, l’un des quartiers les plus anciens de la ville où gravitent marchands et pêcheurs et où bouillonnent les premières manifestations pour l’indépendance. En parallèle, Barnor accompagne le développement de la presse illustrée dans le pays, en étant l’un des premiers photographes locaux à collaborer, dès 1951, avec le Daily Graphic, lancé par le Daily Mirror Group de Londres. Entre 1953 et 1957, il photographie ainsi à plusieurs reprises le leader de l’indépendance, KwameNkrumah.

En 1959, deux après l’indépendance, James Barnor se lance dans l’aventure diasporique, immigrant en Angleterre pour approfondir sa maîtrise du médium. Il y fait la découverte de la photographie couleur, qui émaille sa production dès 1961. Ses images sont publiées en couverture du magazine panafricain DRUM, qui s’est fait le porte-voix des luttes anti-apartheid en Afrique du Sud à partir de 1951, avant d’essaimer rapidement sur tout le continent à travers de multiples éditions régionales. Pour les unes de DRUM mettant en scène desjeunes femmes issues de la diaspora comme dans sa pratique personnelle, les photographies de Barnor capturent avec éloquence l’esprit du Swinging London. Barnor approfondit également ses connaissances techniques grâce à une formation au sein de l’université d’arts appliqués du Kent et à sa collaboration avec le plus grand laboratoire de photographie couleur du pays, le Colour Processing Laboratory.

En 1969, cette expertise lui vaut d’être contacté par Agfa-Gevaert pour devenir ambassadeur technique au Ghana, où la firme cherche à développer de nouveaux marchés. De retour à Accra, Barnor contribue à fonder le premier laboratoire couleur du pays et à diffuser les produits Agfa dans le sud du Ghana. En 1972, il ouvre son second atelier, le « Studio X23 », où il reprend son travail de mise en image des évolutions sociales qui traversent la capitale, alimentant une abondante galerie de portraits. Du documentaire social à la commande publicitaire en passant par la photographie gouvernementale sous le régime de Jerry Rawlings dans les années 1980, James Barnor est resté un témoin inlassable, jamais partisan, du mouvement de l’histoire nationale.

Les archives de James Barnor donnent accès à des mondes transversaux. De 1947 à la fin des années 1980, du Ghana à l’Europe, de la sphère privée à la sphère publique, les mondes de James Barnor fonctionnent en réseau et l’on bascule sans cesse et sans contradiction de l’un à l’autre. Le photographe, aujourd’hui âgé de 92 ans, vit à Londres et consacre l’essentiel de son temps à documenter ses archives et à superviser les projets d’exposition autour de ses images, dans un esprit de transmission. 

Plusieurs fois exposée, son œuvre a inspiré une nouvelle génération d’artistes depuis 2010. Une importante rétrospective lui a été consacré à la Serpentine Gallery de Londres en 2021 et suit actuellement une itinérance au Museod’Arte della Svizzera Italiana (Lugano, Suisse) en 2022 puis au Detroit Institute of Arts (Michigan, États-Unis) en 2023. 

Son œuvre est présente dans les collections institutionnelles majeures, à l’instar de celle du Musée national d’art moderne-Centre Pompidou ou du Museum of Modern Art (MoMA) de New York.

Renaud Monfourny

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