Liu Chuang :Bitcoin Mining and Field Recordings of Ethnic Minorities
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L’installation vidéo de Liu Chuang Bitcoin Mining and Field Recordings of Ethnic Minorities nous entraîne dans un voyage immersif et spéculatif à travers la technologie, les infrastructures, l’écologie et la finance.
En collaboration avec le commissaire et chercheur Yang Beichen, l’artiste s’intéresse aux liens complexes entre projets hydrauliques et minage de bitcoins dans le sud-ouest de la Chine, une région aux ressources hydroélectriques abondantes et à la grande diversité ethnique.
Cette projection sur trois écrans tisse ensemble images d’archives et séquences filmées, accompagnées d’une voix off en muya, langue menacée de disparition. Elle révèle l’impact des développements modernes sur les cultures traditionnelles. La vidéo débute par un montage qui retrace l’évolution des infrastructures : des télégraphes de la fin de la dynastie Qing aux barrages du milieu du XXᵉ siècle, jusqu’aux fermes de minage de bitcoins d’aujourd’hui. On y découvre la « Zomia », cette vaste région d’Asie du Sud-Est – qui s’étend sur des parties du Myanmar, de la Thaïlande et du sud-ouest de la Chine – longtemps restée hors de portée du contrôle étatique, mais qui connaît aujourd’hui une prolifération exponentielle des infrastructures modernes.
Des vues aériennes filmées par drone montrent des centrales hydroélectriques désaffectées reconverties en fermes de minage de bitcoins, illustrant le lien entre l’énergie hydraulique bon marché et les opérations de cryptomonnaie. Ce récit visuel reflète les transformations géopolitiques et technologiques plus larges qui traversent l’Asie du Sud, où se concentre environ 70 % de la production mondiale de bitcoins. Liu Chuang y examine comment ces bouleversements s’entrecroisent avec la vie des minorités ethniques de ces régions.
La seconde moitié de la vidéo se concentre sur le son. Liu Chuang y avance l’hypothèse selon laquelle un système de divertissement tout-en-un (EVD), commercialisé auprès des peuples de la Zomia, numérise leur système nerveux. En juxtaposant ses propres séquences, des images d’archives et des extraits de films de science-fiction emblématiques des années 1970, comme Rencontres du troisième type de Steven Spielberg et Solaris d’Andreï Tarkovski, l’artiste critique la façon dont les représentations technologiques et culturelles affectent les communautés marginalisées. Il remonte ainsi aux origines des sons et des images de la science-fiction jusqu’aux premiers enregistrements anthropologiques de terrain, pour révéler comment ces formes médiatiques abstraient et exploitent les ressources culturelles et écologiques.
Le travail de Liu Chuang articule ainsi des correspondances entre des sujets apparemment sans rapport – le minage de bitcoins et les enregistrements de terrain des minorités ethniques – en mettant au jour leurs relations historiques communes avec les États-nations et les technologies culturelles. Cette œuvre porte un regard critique sur la manière dont les technologies de pointe, comme les monnaies virtuelles, bouleversent les systèmes de connaissances traditionnels, et interroge les conséquences plus larges du progrès technologique sur les communautés marginalisées et l’environnement.
Liu Chuang
Liu Chuang vit à Shanghai, en Chine. Il travaille principalement avec la vidéo, la sculpture, le ready-made et l’installation. Son œuvre intègre souvent des perspectives historiques et écologiques de long terme, retraçant les transformations sociales, culturelles et économiques de la Chine contemporaine.